En tant que side-event de la 5ème conférence régionale africaine de la commission internationale de l’irrigation et du drainage, organisée par l’ANAFIDE, Comité National Marocain de la CIID, (programme sommaire ci-dessous), cette journée de partage d’expériences aura lieu le jeudi 25 Novembre 2021, de 8h30 à 17h45, dans l'hotel Kenzi Rose Garden à Marrakech, à la Salle de Conférence au 1er étage.
La FAO rapporte qu’au cours des quarante à cinquante dernières années, la majorité des projets d’infrastructure liés à l’eau ont été financés par le secteur gouvernemental avec une participation significative des banques de développement international. Les dispositions axées alors sur l’offre (la priorité était de mettre l’eau à la disposition des agriculteurs pour l’irrigation) et élaborées sur la base d’infrastructures d’irrigation à grande échelle, ont dominé le secteur. L’investissement dans les grands projets d’irrigation a augmenté dans les années 70 et les gouvernements ont joué un rôle actif dans l’exploitation de l’infrastructure publique utilisée pour fournir les services d’irrigation.
L’investissement dans ces grands projets d’irrigation publique a baissé de plus de 50 pour cent dans les années 80 et 90 au profit de financements privés destinés à de grands projets ou à des systèmes de petite irrigation. Toutefois, les organismes publics créés par les états pour assurer la mise en place et la gestion des systèmes d’irrigation demeurent toujours des acteurs importants dans le paysage de l’agriculture irriguée et de la fourniture du service de l’eau d’irrigation, notamment en Afrique en l’Ouest et au Maroc.
Durant les années 80, des trajectoires plus ou moins affirmées de désengagement de la puissance publique dans la gestion des systèmes irrigués se sont dessinées avec les plans d’ajustement structurel et les politiques de déconcentration plus marquée des services de l’état ou de décentralisation. Les nouvelles orientations politiques définies en matière de partage des rôles et responsabilités entre acteurs pour la gestion de l’irrigation, pour l’appui-conseil aux producteurs et en matière de
libéralisation des filières et de transferts des aménagements, etc., ont donné jour à une très grande diversité de schémas organisationnels pour assurer les différentes missions relatives à l’agriculture irriguée, ainsi qu’à une grande diversité de modalités de fonctionnement concernant les périmètres publics.
Les politiques publiques et les impératifs à l’échelle locale, de développement de l’agriculture, d’amélioration de sécurité alimentaire, d’aménagement des espaces ruraux, de gestion des ressources naturelles (eau, foncier…), de durabilité des aménagements hydroagricoles et la nécessité de prendre en compte les problématique de l’environnement, du changement climatique, du « genre », etc, constituent aujourd’hui de paramètres qui guident l’action des organismes publics en charge, sur leur territoire, du développement de l’agriculture irriguée en articulation avec les autres activités productives ou de conservation des ressources naturelles.. Ces impératifs façonnent de nouvelles relations entre les organismes publics en charge de l’irrigation, les acteurs de l’irrigation et des filières et les acteurs du développement des territoires.
Comprendre, pour différents pays du continent, les contextes spécifiques qui encadrent l’irrigation publique, les mandats des organismes en charge de la maitrise d’ouvrage (déléguée) des aménagements, approfondir par des études de des problématiques vécues, discuter du retour d’expériences de terrain et du point de vue de l’ensemble des acteurs impliqués, analyser les facteurs de succès ou d’échec, s’avère utile et riche en enseignements pour l’ensemble des acteurs prenant part à la conception, à la gestion, et à la mise en valeur d’aménagements hydroagricoles financés par la puissance publique.
Le Réseau Ouest Africain des Sociétés d’Aménagement et de Gestion de l’Irrigation (ROA-SAGI) réunit depuis 2017 onze organismes des six pays du Sahel , en charge d’assurer la maitrise d’ouvrage déléguée des aménagements hydro-agricoles dans leurs zones d’intervention.
Ce réseau, qui a pour vocation d’instaurer une dynamique durable de coopération sur des problématiques d’intérêts communs, vise un partage d’expériences entre les SAGI elles-mêmes, mais aussi avec d’autres structures homologues dans d’autres régions du monde, afin de nourrir plus largement la réflexion sur leurs missions et les manières de les exécuter. Cette réflexion est fort utile « entre pairs », c’est-à-dire entre organismes publics chargés des mêmes types de mandat (ORMVA au Maroc, SAR en France, etc.). Elle doit cependant être enrichie avec la participation des autres parties-prenantes de l’écosystème dans lequel ils interviennent, en premier lieu les producteurs-usagers de l’eau agricole, mais aussi leurs tutelles étatiques, les acteurs économiques et de la société civile, pour une contribution collective à l’amélioration des conditions et des performances de l’agriculture irriguée.
A cette fin, le ROA-SAGI, avec l’appui de l’AFEID (Association Française des Etudes d’Irrigation et de Drainage), notamment via le COSTEA (Comité Scientifique et Technique Eau Agricole), de l’ANAFIDE et de l’ARID, propose une journée de partage d’expériences centrée sur les problématiques vécues en irrigation publique dans divers territoires africains.